Tortures en Egypte : des images accablantes circulent sur le Net
LEMONDE.FR | 13.01.07 | 19h24 • Mis à jour le 13.01.07 | 19h25
Les violences policières ne peuvent plus se cacher en Egypte. Depuis que la vidéo des violences commises sur un détenu dans un commissariat de Boulaq - filmée et diffusée par les bourreaux eux-mêmes - a été reprise sur l'un des blogs les plus populaires du pays, celui de Wael Abbas, la gravité des faits, dénoncés depuis longtemps par plusieurs organisations des droits de l'homme, éclate en plein jour. D'autres vidéos ont depuis été publiées sur le Net, montrant la barbarie des pratiques de la police égyptienne.
L'homme par lequel le scandale a éclaté est Emad Al-Kabir. Ce chauffeur de taxi âgé de 21 ans s'est retrouvé mêlé, le 18 janvier 2006, à une dispute entre un de ses proches et des policiers. Arrêté, il est conduit au commissariat de Boulaq, un quartier populaire du Caire, et accusé de "résistance aux autorités". Pendant la nuit qu'il passe au poste, il est frappé à plusieurs reprises. La justice, le lendemain, ordonne sa libération contre caution, mais il est ramené au commissariat. Dans la nuit du 19 au 20 janvier, des policiers le sortent de sa cellule, l'emmènent dans une pièce où ils le torturent, le violent avec un bâton, et filment la scène avec un téléphone portable.
Au cours des mois qui suivent la vidéo circulent dans le quartier de Boulaq. Emad Al-Kabir ne porte plainte que plus tard, en novembre 2006, images à l'appui. Apparemment, il s'agit pour lui de venir en aide à son frère qui vient d'être emprisonné, explique Amnesty International. Malgré les pressions exercées sur lui, Emad Al-Kabir refuse de retirer sa plaine. Les représailles ne tardent pas. Le 10 janvier dernier, il a été condamné à trois mois de prison pour avoir "agressé un policier et fait obstacle aux autorités".
Les bourreaux d'Emad Al-Kabir, eux, ne sont pas fixés sur leur sort. Deux policiers ont été arrêtés fin décembre et doivent être jugés le 3 mars. Quelle que soit la sanction, l'issue de cette affaire ne doit pas faire oublier tous les autres cas de violences non sanctionnées. Les tortures dans les prisons égyptiennes sont généralisées, dénoncent des organisations de défense des droits de l'homme. Les vidéos actuellement diffusées sur le Net montrent en effet des exemples multiples de maltraitance, allant de la gifle à des tortures plus "élaborées" : sur une vidéo, on voit une femme ligotée et suspendue entre deux chaises, hurlant de douleur.
Loin de reconnaître la gravité des faits, le pouvoir égyptien évoque des cas isolés et continuent à essayer de préserver la plus grande discrétion sur ces pratiques. Samedi 13 janvier, la chaîne Al-Jazira a fait savoir qu'une de ses productrices, qui participait au tournage en Egypte d'un documentaire sur de mauvais traitements imputés à la police, a été présentée le jour même à la justice égyptienne. Mme Taha devait quitter l'Egypte le 8 janvier mais a été bloquée à l'aéroport du Caire, où 50 enregistrements et son ordinateur portable lui ont été confisqués. "Nous n'avons pas de détails sur les accusations à son encontre", a indiqué le directeur du bureau du Caire de la chaîne.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-855245@51-855248,0.html
LEMONDE.FR | 13.01.07 | 19h24 • Mis à jour le 13.01.07 | 19h25
Les violences policières ne peuvent plus se cacher en Egypte. Depuis que la vidéo des violences commises sur un détenu dans un commissariat de Boulaq - filmée et diffusée par les bourreaux eux-mêmes - a été reprise sur l'un des blogs les plus populaires du pays, celui de Wael Abbas, la gravité des faits, dénoncés depuis longtemps par plusieurs organisations des droits de l'homme, éclate en plein jour. D'autres vidéos ont depuis été publiées sur le Net, montrant la barbarie des pratiques de la police égyptienne.
L'homme par lequel le scandale a éclaté est Emad Al-Kabir. Ce chauffeur de taxi âgé de 21 ans s'est retrouvé mêlé, le 18 janvier 2006, à une dispute entre un de ses proches et des policiers. Arrêté, il est conduit au commissariat de Boulaq, un quartier populaire du Caire, et accusé de "résistance aux autorités". Pendant la nuit qu'il passe au poste, il est frappé à plusieurs reprises. La justice, le lendemain, ordonne sa libération contre caution, mais il est ramené au commissariat. Dans la nuit du 19 au 20 janvier, des policiers le sortent de sa cellule, l'emmènent dans une pièce où ils le torturent, le violent avec un bâton, et filment la scène avec un téléphone portable.
Au cours des mois qui suivent la vidéo circulent dans le quartier de Boulaq. Emad Al-Kabir ne porte plainte que plus tard, en novembre 2006, images à l'appui. Apparemment, il s'agit pour lui de venir en aide à son frère qui vient d'être emprisonné, explique Amnesty International. Malgré les pressions exercées sur lui, Emad Al-Kabir refuse de retirer sa plaine. Les représailles ne tardent pas. Le 10 janvier dernier, il a été condamné à trois mois de prison pour avoir "agressé un policier et fait obstacle aux autorités".
Les bourreaux d'Emad Al-Kabir, eux, ne sont pas fixés sur leur sort. Deux policiers ont été arrêtés fin décembre et doivent être jugés le 3 mars. Quelle que soit la sanction, l'issue de cette affaire ne doit pas faire oublier tous les autres cas de violences non sanctionnées. Les tortures dans les prisons égyptiennes sont généralisées, dénoncent des organisations de défense des droits de l'homme. Les vidéos actuellement diffusées sur le Net montrent en effet des exemples multiples de maltraitance, allant de la gifle à des tortures plus "élaborées" : sur une vidéo, on voit une femme ligotée et suspendue entre deux chaises, hurlant de douleur.
Loin de reconnaître la gravité des faits, le pouvoir égyptien évoque des cas isolés et continuent à essayer de préserver la plus grande discrétion sur ces pratiques. Samedi 13 janvier, la chaîne Al-Jazira a fait savoir qu'une de ses productrices, qui participait au tournage en Egypte d'un documentaire sur de mauvais traitements imputés à la police, a été présentée le jour même à la justice égyptienne. Mme Taha devait quitter l'Egypte le 8 janvier mais a été bloquée à l'aéroport du Caire, où 50 enregistrements et son ordinateur portable lui ont été confisqués. "Nous n'avons pas de détails sur les accusations à son encontre", a indiqué le directeur du bureau du Caire de la chaîne.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-855245@51-855248,0.html